Le texte qui suit fait partie d'un gros paquet de courriers que j'ai adressés à des élus politiques de tous bords dans les semaines précédant les élections municipales françaises de mars 2001.
Imaginez une (jeune) mère de famille, illettrée, voire analphabète, allant acheter des médicaments à la pharmacie. Entre nous, comment va-t-elle s'y prendre, une fois rentrée chez elle, pour identifier le bon médicament et pour bien en lire la posologie ? Autrement dit, les enfants de cette femme, voire la femme elle-même, ne sont-ils pas en grand danger chaque fois que la mère ouvre un flacon ou une boîte de médicaments ? En d'autres termes, le droit à l'alphabétisation ne devrait-il pas figurer dans les obligations minimales et basiques que tout pays civilisé doit à ses habitants, qu'ils soient indigènes ou étrangers ?
Je suggère que le droit de toute mère de famille de pouvoir déchiffrer correctement le mode d'emploi d'un médicament soit inscrit en bonne place dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme !
En attendant le grand soir, je ne saurais trop suggérer aux innombrables associations de quartier qui, entre autres occupations, gravitent autour des populations pauvres, défavorisées, généralement "issues de l'immigration", de sortir d'un certain angélisme – les bons sentiments, ça va un moment, mais ça n'a jamais sorti personne de l'illettrisme ! – et de s'imposer une véritable obligation de résultats.
Le fait est que le fossé se creuse très vite, dès les petites classes, entre, d'une part, l'enfant qui, en rentrant de l'école, peut compter sur des parents suffisamment instruits pour pouvoir répondre à la plupart de ses questions, tout en accompagnant sa progression scolaire, et, d'autre part, l'enfant qui ne bénéficie d'aucune aide à la maison, ses parents – notamment la mère – étant trop peu instruits pour ce faire.
La méthode idéale ? Je ne la connais pas ; je me contenterai, donc, ici, de vous indiquer la mienne :
1. D'abord, on apprend l'alphabet…
2. Ensuite, on apprend à écrire (car il y a du "lu" dans "l'écrit" : en écrivant, je lis forcément ce que j'écris (!), la réciproque n'étant pas vraie).
Comment apprendre l'alphabet ?
Deux erreurs sont à éviter absolument :
1. Surtout, ne pas commettre l'erreur consistant à apprendre l'alphabet dans l'ordre ! Prenez un roman, essai, article de journal, vous constaterez que certaines lettres (a, i, e, s, m, n, p, r) sont beaucoup plus fréquentes que d'autres (h, j, k, q, w, x, y, z). Il faut, donc, insister sur les lettres les plus souvent rencontrées dans le discours écrit.
2. Éviter absolument de se polariser sur le nom des lettres, alors que le plus important est la manière dont elles se prononcent ! Á titre d'illustration : comment passe-t-on de la lettre appelée "ache" (h/H) à des mots comme huile, homme, homard ? Et comment passe-t-on de la lettre appelée "sé" (c/C) à des mots comme cacao, cuivre, concombre ?...
Comme on vient de le voir, le nom de la lettre peut induire l'élève en erreur !
Venons-en aux lettres :
1. Les voyelles : a, i, u, o (moto), e (table) ; on évitera, pour commencer, les "e" accentués (é, è, ê, ë) ainsi que les homophones (ei, ai ; in, ain, ein ; au, eau, etc.).
2. Les consonnes : ce sont elles qui posent le plus de problèmes. On oubliera leur nom pour se concentrer sur leur prononciation.
– b (prononcer boeuh, avec oeu comme dans œuf ou comme un "e" muet)
– c (pr. koeu ou ke) – d (pr. doeu ou de)
– f (pr. fffff) – g (pr. goeu ou gue)
– j (jjjjj) – k (ke)
– l (pr. lllll) – m (pr. mmm) ; n (pr. nnnn)
– p (pr. poeuh ou pe) – r (pr. rrrrrrr)
– s (pr. ssssss) – t (pr. toeuh ou te)
– v (pr. vvvv) – w (woeuh) – z (pr. zzzzz)
Libellés : alphabet, alphabétisation, analphabétisme, culture, développement, durable, école, éducation, illettrisme, immigration, immigré, maternelle, pmi, sous-développement, syllabique, tradition
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